(par le Pr. Ernenstein)
Aujourd'hui, sauf chez certains hérétiques atteints d'elmérisme, et pour pratiquement tous, le grand Nabla ou Nablacien, tout dépend des régions, reste l'autorité incontestable en matière de religion, à Kraland. Si la Grande Déesse réduit en esclavage et à la stupidité tous ses sujets seeliens, le Nabla, lui, leur ouvre les portes du couloir vers la majorité mentale, ainsi que la conviction pro kra. Parler de la Grande Déesse est signe d'hérésie chez les kralandais. Mais saviez-vous que l'inverse l'était également, à la Seele, et au quatorzième siècle? C'est une recherche qui m'a fait découvrir ces faits nouveaux: l'histoire de Jeanne de Kra, première seelienne éclairée.
I) Biographie d'une jeune paysanne: portrait de Jeanne Gygromancia
Née au XIVème siècle dans une ferme près de la Mystisie, Jeanne de Kra est issue d'une famille modeste. Comme tout mauvais seelien, ses parents vénéraient la Grande Déesse, la plus grande et dangereuse secte du cybermonde, tout en travaillant, suant sang et eau, donnant tout le fruit de leur labeur à Celui Qui Montre Le Chemin, le guide spirituel seelien de l'époque. Famille modeste par sa situation, certes, mais miséreuse si on enlève tout ce qui était donné à l'état par le père de famille, au nom de la Grande Déesse. C'est ainsi que Jeanne Gygromancia, c'était son nom, dût travailler aux champs et donner tout son temps libre, ou pas, peu importait, à la terre, du moment que tout était donné à Celui Qui Montre Le Chemin.
Ainsi, pour satisfaire aux exigences de son fanatisé de père, sa mère étant morte en la mettant au monde, Jeanne travaillait autant qu'elle pouvait, tout cela pour les bons plaisirs de Celui Qui Montre Le Chemin et de la Grande Déesse. Un jour, alors qu'elle semait du blé dans la terre fraîchement retournée, Jeanne Gygromancia aperçut une lueur, tomba genoux à terre, et entendit une voix. Sans pouvoir répondre, elle sentait qu'une puissance lui insufflait des ambitions nouvelles, des buts tout tracés, des voies à suivre. Il s'agissait, dit-on à l'époque, d'une vision du Grand Nablacien, qui avait pressenti en la jeune seelienne une porte parole inébranlable, ce qui lui valut d'abord le surnom de Jeanne La Vestale. Après avoir été "libérée" de l'apparition, Jeanne partit, quitta sa nation sans se retourner, et alla rejoindre Kraland: le grand Nablacien lui aurait demandé de sauver Kraland.
Traquée par les SIS (Serfs d'Inquisition Seeliens), Jeanne eut mille tourment avant de rejoindre le bord de mer, voler un bateau et rejoindre Kraland, à ce moment-là sous l'autorité des évêques-Nabla. A son arrivée là-bas, par le service de migration, gardé par les gardiens violacés, baptisés ainsi en raison de la couleur rouge sang recouvrant entièrement leurs vêtements, issus des cadavres sanguinolents des émigrés en non-règle, elle passa un test d'hérésie, et, record historique: si le Grand Inquisiteur Nabla de l'époque n'avait qu'un seul pour-cent d'hérésie, Jeanne, elle, n'en avait qu'un pour-mille. Vue par les kralandais comme le renouveau de la parole du Nabla, Jeanne La Vestale changea d'appellation pour Jeanne De Kra, en raison de ses propos éclairés et de sa communication privilégiée avec le Grand Nabla...
II) L'épopée d'une héroïne: portrait de Jeanne De Kra, renouveau de la parole Nablacienne
Sans perdre un instant, les kralandais firent de Jeanne de Kra leur nouvelle gardienne de la spiritualité Kra, ainsi que chef des gardes kralandais: le premier but fixé par le Grand Nabla était en fait d'envahir la Mystisie. Les armées, gonflées à bloc par les propos pro-nabla de leur égérie théologique, étaient plus efficaces que jamais: en quelques semaines, l'armée kra avait fait une percée dans les terres seeliennes, ravageant sur leur passage temples voués à la Grande Déesse, autels consacrés à Celui Qui Montre Le Chemin, avant de reconstruire des fières statues du Nablacien et de Jeanne de Kra, afin de rendre hommage à leur force morale et à leurs idéaux, pensant que bientôt, les soldats kras allaient marcher sur Tokyo-3 et la grande église céleste de la Grande Déesse.
Jeanne de Kra mena ainsi les armées de Kraland jusqu'à la Mystisie, en prit le contrôle, puis extermina tous les jeunes eunuques du Sanctuaire avant d'en évincer le Grand Pope de l'époque. Jusque là, tout se déroulait formidablement bien.
III) L'effondrement d'un rêve: portrait de Jeanne-La-Folle, hérétique seelienne
Dans la soirée qui suivit la chute du Sanctuaire, Kraland fut victime de l'attaque éclair de la Seele. Celui Qui Montre Le Chemin, à l'aide de ses alchimistes fanatisés, avait envoyé une armée de golems s'écraser sur les rivages de l'île, avant de se reformer et d'anéantir le bastion de la république Kra. Apprenant cette nouvelle, et voyant déjà Kraland noyée sous des coulées de boue issue des golems, Jeanne De Kra fit rapatrier avec elle la moitié de ses unités de combat, l'autre censée garder le Sanctuaire et la Mystisie.
A son retour à Kraland, Jeanne de Kra fut accueillie tranchant sous la gorge par les glaives des inquisiteurs Nabla: en effet, ceux-ci avaient été conduits par Magenta*Comet (aïeul présumé de notre premier élu Red*Star) nouveau porte drapeau de la sainte parole du Nabla, qui avait fait un test d'hérésie avec un taux de un pour dix-milles. Les armées postées sur le territoire seelien furent anéantis par la déroute idéologique: ceux-ci, fanatisés par la parole de Jeanne-La-Folle, avait plus écouté une seelienne que le Nabla. La moitié d'entre eux se suicida par ingestion de vodka empoisonnée, tandis que l'autre moitié, brisée moralement, alla rejoindre la Théocratie Seelienne définitivement, avant d'être exécutés pour hérésie envers la Grande Déesse.
Jeanne-La-Folle ainsi que son armée furent jugés en 1331 sur la place du malheur, réservée aux grandes exécutions de prisonniers politiques et d'hérétiques ayant un taux dépassant les cinq pour-cent. Après un procès rapide, présidé par l'ex inquisiteur nabla évincé de son poste par le peuple au profit de Jeanne-La-Folle, et de Magenta*Comet, Jeanne-La-Folle et tous ses fidèles furent brûlés vifs, attachés à des kratapultes, avant d'être envoyés comme projectiles sur les derniers golems et navires seeliens tentant d'envahir Kraland. Consommant énormément de vodka de fenouil depuis l'apparition du grand Nabla, Jeanne-La-Folle finit brûlée vive, empalée sur le mât d'un navire seelien, qui s'était égaré dans les petits ruisseaux kralandais. Le fort taux de cholestérol de Jeanne-La-Folle provoqua, avec son incinération, l'apparition de vapeurs de vodka de fenouil, qui flottent sous forme de vapeur aujourd'hui au dessus de la célèbrissime nappe de vodka. Et ainsi fut oublié le nom de la première seelienne pro-kra, et la dernière.
IV) Explications
Il semblerait, d'après les investigation faites à l'époque par Magenta*Comet, suite à un souci de justice et de vérité, que Jeanne-La-Folle, dite Jeanne la Vestale ou Jeanne De Kra, fut manipulée dès le départ par le grand inquisiteur. Celui-ci aurait été en effet un envoyé lobotomisé de Celui Qui Montre Le Chemin, et aurait envoyé sur place des prêtres sorciers afin de faire apparaître un faux nablacien, tandis qu'un bonimenteur aurait insufflé à Jeanne de Kra des projets illusoires et faussement pro-kra, afin d'amplifier les tensions entre Kraland et la Théocratie Seelienne. Après une enquête faite sur place, on aurait retrouvé les cadavres de ses fameux prêtres kralandais fanatisés à la Grande Déesse, décapités, à plusieurs kilomètres de la ferme des Gygromancia. Apprenant cette nouvelle, le grand inquisiteur Nabla se précipita dans le vide depuis le haut de la chapelle Nabla la plus haut perchée de tout Kraland. D'après les rapports d'enquête de Magenta*Comet, il semblerait que les faux-prêtres avaient été paralysés et tués avant d'atteindre Jeanne De Kra, et que l'apparition aurait été la vraie volonté du Nablacien.