L'île de Kraland possède deux langues officielles :
Le touriste aura l'obligeance d'apprendre quelques mots courants afin d'éviter tout malentendu avec la population locale ou les représentants de l'ordre. Imaginez en effet qu'un représentant du Ministère des Bonnes Moeurs vous pose la question "Eh bien, crapouille, pourquoi poites-tu ici comme un pouffion ?" et que vous ne sachiez pas lui répondre ? Le document ci-dessous présente la première leçon d'un livre de Patois Kra.
François Krabelais incarne tout l'esprit kra, déjà à son époque. Qui ne connaît pas les légendaires ouvrages paillards que sont les facéties de Pantakrael et les voyages de Gargankra ? Vous ? Comment ça vous ne connaissez pas ? Ah ! Vous êtes seelien ! C'est différent... *sort un couteau* venez par ici mon bon monsieur... *schlak* voilà c'est mieux *bruit de cadavre sanguinolent*. Donc, je disais... *se lave les mains* François Krabelais est le père d'une littérature unique : la littérature dite vulgairement "paillarde", mais nommons là plutôt "littérature de bon vivant".
Né en 1564 au milieu d'un champ de fenouil dans des circonstances particulières : sa mère tentait d'échapper aux gardes de Kramic V. Celui-ci l'avait en effet mise enceinte 9 mois plus tôt, et reniait sa paternité : mieux, il voulait renier l'existence de cet enfant. Voulant le premier se rendre à la poursuite de la mère de François Krabelais, Kramic V glissa sur une branche de fenouil, se rompit la colonne vertébrale et Kraland eut alors le néfaste destin que tout le monde connaît....
Mais revenons à notre histoire: sa mère, fatiguée par cette marche forcée (les gardes de Kramic V s'affairaient à relever ce dernier), alla frapper à la porte de Myrddin Krabelais, paysan de la région, qui lui offrit l'hospitalité dans sa modeste tente de braconnier, au milieu d'un champ de fenouil. Sa mère étant décédée des suites d'un accouchement difficile, François Kramic devint François Krabelais en trouvant ses parents d'adoption à la naissance. Ce fut le seul cas de l'histoire où le système d'adoption d'enfant fut aussi rapide...
Il fut alors élevé dans une ferme du Quartier du Savoir, près du champ d'herbe rouge, et s'amusa alors à imaginer des histoires rocambolesques: des sangliers fumeurs de fenouil qui copulaient sur la Place du Bonheur, un théocrate seelien dévoré par du fenouil carnivore, puis ressuscité en arbuste ayant grossièrement ses traits.... Puis un jour, après avoir écrit son premier essai : la vie des géants gros, gras, riches et fainéants, il décida de s'installer dans une petite cabane au milieu d'un champ de fenouil, et écrivit alors ses ouvrages sous l'effet du fenouil fumé et du kramagnac consommé. Ainsi naquirent 2 monuments de la littérature comique kralandaise, et deux avatars qui marqueront l'histoire: Pantakrael et Gargankra.
"Les voyages de Gargankra" ont été publiés en 1619. Critiqué et censuré à l'époque, il ressortit en version complète, non censurée, et appréciée, surtout, en 1669, à titre posthume. On apprit alors que les génies n'étaient reconnus qu'après leur mort, et dès que le Siècle des Loupiotes vint secouer Kraland, on édita une loi obligeant les gens à reconnaître les génies de leur vivant, en la mémoire de feu François Krabelais.
Ces ouvrages (nommés le prime livre, le demi livre, le tiers livre, quart de livre, quint livre) nous narrent l'histoire d'un géant de l'Elmérie Inférieure, nommé Gargankra. Il appartenait à la race des grands tous. Si certains étaient gros de tel ou tel endroit, lui l'était de partout. Krabelais nous raconte alors l'expédition de Gargankra au travers du monde, vu sous un angle, et surtout une hauteur, différente. A son retour, Gargankra se serait assis sur les bord de l'Elmérie pour se reposer, et un morceau de continent se serait détaché, donnant naissance à l'île de kraland...
"Les facéties de Pantakrael", racontent, elles, la vie du fils de notre bon Gargankra. Après que celui-ci se soit rangé et soit devenu un grand érudit, il eut un fils.
"Ce dernier, à l'âge d'un jour, possédait une force telle que, lorsque ses nourrices lui donnèrent "le biberon" (une vache dont il tétait les pis, les deux mains attachés à de solides chaînes), Pantakrael rompit un de ses liens, dévora le flanc de la vache avant d'aller dans un champ de fenouil pour y brouter. Tous les invités du banquet en l'honneur de sa naissance furent alors surpris de voir l'appétit qu'avait celui-ci pour le fenouil. Gargankra, fort de cette nouvelle donne, décida de faire du fenouil le symbole de Kraland. La chaîne qui était encore intacte fut ouverte, puis vendu aux troglodytes de la 3eme strates qui attachèrent Naar au diable kravert pour le restant de ses jours, et la seconde chaîne, brisée de part en part, fut jetée dans la 4ème strate afin de la reboucher et de lester l'île qui dérivait constamment. Pantakrael s'amusait d'ailleurs à aller nager et à utiliser l'île comme un canard en plastique, mais son père décida de forger une 3eme chaîne pour attacher Kraland au fond de la Meuse (une extrémité au fond de la Meuse, et l'autre, attaché aux parties.... sensibles de Naar, les couillons, afin de maintenir l'île tout en torturant Naar au fond de la 5eme strate..
[...]
Les années passèrent et Pantakrael devint un homme. Il se rendit aux quartiers de l'éducation (notre Quartier du Savoir actuel) et rencontra un jeune garçon, Kranurge, qui faisait sauter les moutons de la grande rampe. Ceux-ci s'écrasaient alors au sol, et des pauvres paysans affamés récupéraient les carcasses en imaginant les côtelettes qui pourraient faire avec ceux-ci. Pantakrael regarda Kranurge, et lui donna une tape amicale dans le dos, qui l'envoya alors au bourg du troc (aujourd'hui: Palladium-City) Pantakrael s'y rendit, écrasant au passage une armée qui voulait attaquer son île natale, puis reprit son ami et revint à kraland, s'arrêtant au passage à une brasserie voisine. Après maints et maints tonneaux de bière de fenouil, Pantakrael fut tout ému, au point qu'il tomba dans un grand pâturage à Kraland. La terre se craquela sous son poids, puis en se relevant, il fit tomber la chopine qu'il avait achetée plus tôt, créant ainsi le futur marécage alcoolisé, et par le même coup, l'alcool qui pénétra dans le sol y resta à jamais, créant ainsi la nappe de vodka..."
Il m'arrive parfois de m'attarder sur un genre culturel kralandais qui est propre au Quartier Suprême, j'ai nommé le théâtre. Amateur de celui-ci, je me suis attardé sur son histoire, et notamment sur la vie d'un de ses plus célèbres auteurs, j'ai nommé, Jean Kracine. Celui-ci était un dramaturge avec un talent inné, spécialiste du genre dramatico-lyrique. Ses oeuvres, comme Andromakra, font partie de la culture Kra.
Jean Kracine est né à Krarté le Fenouil le 21 décembre 1939. Issus d'une famille de la petite bourgeoisie, et orphelin de mère à l'âge de 3 ans, il est élevé par son père, Romis Kracine, un professeur de langue Kralandais, qui, grâce à son salaire, lui paye des études à l'université Kra dans le Quartier du Savoir. Après être sorti de l'université diplôme à la main, main haute d'ailleurs, tant son niveau était haut, surtout en littérature, il s'intéressa de près à la religion, et devint vite moine Nabla. Il entra dans les ordres à 19 ans, après avoir connu l'amour avec une émigrée seelienne qui avait besoin d'argent.
Après trois années houleuses dans le monastère Nabla, durant lesquelles il se fit réprimander à longueur de journée par l'inquisiteur Nabla attitré à son éducation religieuse, il quitta les ordres, évoquant "un manque de liberté bridant l'homme à son statut de mouton le plus primaire", s'attirant ainsi les foudres de l'église. En 1958, Jean Kracine devient élève de l'université Kra une nouvelle fois, suivant avec assiduité les cours magistraux de Théo Kreud, éminent psychologue kralandais, et il apprend à avoir un nouveau point de vue sur la vie: afin de prouver à tous que le monde est beau, il avait décidé de montrer un monde terrible, envahi par la tristesse et la traîtrise. Il se tourna alors vers le théâtre, qui le fit atteindre l'apogée de son talent.
En 1962, son premier essai sera Ode à la convalescence du Kra, une formidable auto-critique d'un kralandais qui avouait publiquement les méfaits commis envers sa patrie. A la fin de chaque représentation, l'acteur principal était exécuté par le bourreau de police, ce qui valut à cette pièce de n'avoir que 5 représentations. Représentations très appréciés des amateurs de sang et d'exécutions en tout genre. Il écrivit ensuite Britannikras, le drame d'un couple formé par un officier de l'armée Kra et une paysanne palladionaute, séparés par la guerre.
Il écrit d'autres pièces du même genre: Les Kraideurs, Mitrhikrade, Ikragénie, Bakrazet, et Thékraïde. Mais son plus grand succès fut sans contexte Andromakra.
Cette histoire se passe au temps des Romains. A peine arrivés dans le cybermonde et colonisateurs de Kraland, les Romains se lancent à l'attaque de la Théocratie Seelienne. Andromakra est une veuve de soldat romain kralandais, tombé au combat par un automate de bataille seelien, le Che WalDe 3. Lors du retour des troupes, les Romains avaient rapporté un prisonnier seelien de la Théocratie, et Andromakra était chargée de nourrir les fauves au cirque, dans la cage voisine de la sienne. Ainsi, au fur et à mesure des jour, une idylle naquit entre la veuve latino-kralandaise et le germano-seelien. Karl Shroeder, c'était son nom, convainquit alors la belle de le laisser s'échapper et de partir avec lui.
Quand la belle fut convaincue de le laisser partir, celui-ci la trompa et partit seul, réveillant au passage la garde prétorienne romaine, et alla rejoindre sa Messaline au Palladium Corpo. Ainsi, la belle Andromakra fut conduite dans la cellule de celui qu'elle avait libéré par amour, et dut y rester à jamais. Elle fit la rencontre de gens fascinants au cours de sa peine d'enfermement, mais à chaque fois ceux-ci nourrissaient Maurice, le lion d'à côté, et Andromakra était obligée d'assister à ce spectacle. La douleur morale était telle qu'un jour, lorsque l'on donnait à manger aux lion, elle se jeta dans la cage pour se suicider, et fut dépecée par les lions.
Représentée pour la première fois sur la Place du Bonheur, en version intégrale non censurée avec les lions et les morts, la pièce fut très appréciée, mais pas dans le registre qu'aurait voulu Jean Kracine: le côté provoc' et spectaculaire primait sur le côté dramatique, théâtral. Jean Kracine, déçu par cette expérience, récupéra l'argent obtenu grâce à Andromakra, et ouvrit une maison close aux abords du Quartier du Bonheur.
Ernenstein, qui aime la maison du Kracinier (demander Kramanda à l'accueil de ma part, vous aurez moitié prix)
Les Krama-Sukra sont certes célèbres mais relativement peu connus de la population kralandaise. Pendant longtemps, les traductions de ces textes furent interdits mais ne le sont plus que dans un pays : la Théocratie Seeliene - leur grande Déesse leur aurait interdit de les lire. Ceci est sûrement dû à sa frustration sexuelle suite à ses voeux d'abstinence. Plus qu'un ouvrage érotique vulgaire ou un bouquin pour pervers, le Krama-Sukra est en quelques sorte un art de bien vivre l'amour, une façon de s'intéresser davantage à ce que l'on garde encore trop souvent tabou.
Le Krama-Sukra a été écrit aux environs du 3e siècle. Tout se déroulait dans l'ancien Kraland, qui était alors sous le joug d'une noblesse décadente et dont la vie aristokratique était vouée au luxe, au plaisir, à l'art et au sexe. Le citoyen kralandais, à l'époque croyait qu'il fallait pour être un citoyen d'élite accomplir 3 objectifs : le Dharkra, l'obectif religieux, l' Arkra, l'obectif pécunier et le Krama, l'objectif amoureux et sexuel. D'après l'auteur du Krama-Sukra, Vatsyayakra, le Krama doit s'apprendre davantage par la pratique personnelle.
Ce que ce livre nous apprend, c'est la science de favoriser le contact kranel pour qu'il soit le plus optimal pour chacun des partenaires. On y découvre l'art pour un homme de se choisir une épouse et de l'emmener au plus profond de leur intimité de la façon la plus adéquate. Il se permet également de classifier les types d'union, de trouver des substances aphrodikraques et autres moyens artificiels permettant au Kralandais de conserver sa virilité.
L'esprit du Krama est de montrer le désir amoureux mais également le désir au sens large du terme, il montre une volupté divine. Auparavant, l'éducation érotique faisait partie de l'éducation générale des adolescents kralandais. Par après, cette science a petit à petit disparu des sujets traités par l'école mais revient depuis quelques décennies au devant de la kractualité.
Beaucoup pensent que le Krama-Sukra est tout simplement un moyen de luxure, un simple objet vendable dans le plus banal des magasins de jouets krapuleux - il n'en est rien, le Krama-Sukra est un ouvrage noble qui a pour but d'apprendre à l'homme à bien maîtriser ses sens afin d'atteindre un bien-être optimal.